lundi 6 mars 2017

cest beau mais dangereux ...

Barre d'Étel, 3 octobre 1958, la tragédie

  • Sur les lieux mêmes du drame, René Le Guennec (au premier plan), Michel Le Guennec et Joël Le Guennec, témoin de la tragédie.
    Sur les lieux mêmes du drame, René Le Guennec (au premier plan), Michel Le Guennec et Joël Le Guennec, témoin de la tragédie. | Thierry Creux
« C'était en milieu d'après-midi, un vendredi. Le temps n'était pas très mauvais mais la mer était démontée. Une forte houle s'était formée avec des vents de sud-est. J'avais 19 ans et demi. Je travaillais comme charpentier de marine, au chantier naval du Magouër, créé en bordure de la ria, côté Plouhinec, par mon père, Marcel, et son frère, mon oncle René.

« On savait que le docteur Bombard allait tenter son expérience avec un radeau pneumatique. On a lâché nos outils. Et on est allé voir, avec notre 2 CV, au Bout du havre, face à la barre. Il y avait aussi mon parrain, Popol Kerzerho, et mon cousin germain, Michel Le Guennec. Sur place on a retrouvé l'administrateur des Affaires maritimes - j'ai oublié son nom - Alfred Morvan, le maire d'Étel, et Jean-Marie Rio, le sémaphoriste. C'était le jusant - marée descendante - avec un bon courant à 8 noeuds [près de 15 km/h].

« Le radeau chavire ! »

« Le remorqueur Ville d'Étel a largué le radeau, pas loin du feu rouge à la sortie de la rivière. L'embarcation est allée au large, direct ! À 80 m des rouleaux, Bombard a commencé à jeter des ancres flottantes pour freiner le bateau. Ça se passait à 200 m de nous. Le premier rouleau a été le bon, le radeau s'est retourné comme une crêpe.

« Mon oncle a crié : « Le radeau chavire ! Le radeau chavire ! » Puis c'est le canot de sauvetage, venu à la rescousse, qui a pris un bout dans ses hélices et s'est mis en travers de la vague. Il a chaviré à son tour. Et il est resté comme ça, coque en l'air, comme un rocher, coincé dans les rouleaux. Nous, on criait : « Mais retourne-toi, nom de Dieu ! » L'administrateur n'en croyait plus ses yeux, ni ses oreilles. Jamais, on n'aurait dû autoriser l'expérience à cet endroit.

« Mon père s'est mis à chialer »

« Un hélicoptère est arrivé. Il a lâché un radeau qui s'est mis à rebondir dans l'air... Les Drs Mocquard, d'Étel, et Le Formal, de Belz, étaient passés sur notre rive, côté Plouhinec, vers où les noyés et le canot étaient poussés par le courant. Trois corps ont pu être attrapés. Un des médecins m'a dit d'aller chercher de l'eau de Cologne, vite, pour frictionner le seul rescapé. C'était l'ingénieur. J'ai filé à fond jusqu'à l'épicerie Le Carrour, au Magouër, à travers les dunes. J'y ai laissé un morceau du plancher de ma voiture !

« Au retour, mon père m'a dit de repartir illico au chantier chercher des haches. Le canot de sauvetage venait de s'échouer devant le sémaphore. On a défoncé la coque et la quille, en bois... Il y avait un corps, sans vie. Mon père m'est mis à chialer... »

1 commentaire:

  1. Bas oui, on n'est pas là que pour compter les vagues et mesurer la vitesse du vent. Y a même des jours ou c'est un vrais pot de pue de trouver " LA PASSE", car même si le passage est fermé en raison des conditions on doit être capable de guider le canot de sauvetage.Par moment ça me rapproche du stress de directeur de plongée (et là y a de l'expérience). Faut pas croire qu'un bureau avec vue sur Groix à été construit rien que pour mes beaux yeux (si si ils sont beaux).
    Pierrot

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