pour le rhum #GoFrancis
Pour l'homme une bel article du Telegramme avec une vidéo qui me rappel plein de souvenir
la vidéo
Route du Rhum. Francis Joyon,
le dernier des Mohicans
Publié le 03
novembre 2018 à 20h00
Francis Joyon est un marin comme on n’en fait plus. Un
roc taillé dans le granit breton qui fonctionne au feeling. Un peu à l’ancienne
aussi. Un redoutable chasseur de records qui attaque, ce dimanche, sa septième
Route du Rhum à la barre d’un maxi-trimaran très physique. À 62 ans.
L’homme ne
change pas. Qui aime la discrétion. Le marin non plus. Qui adore s’extraire en
catimini de la foule malouine pour aller jouer dans la houle avec son kitesurf
à foil. À 62 balais ! Et ça l’éclate vraiment. « C’est très marrant
de foncer à 30 nœuds au-dessus de l’eau, de se prendre de belles
gamelles », dit-il, tel un enfant fier de sa dernière bêtise.
Un grand
enfant que les plaisanciers de la baie de Quiberon connaissent très bien. À ses
débuts en kitesurf, il galérait. « Mon aile se posait sur l’eau et je
n’arrivais pas à la faire redécoller ». Alors, Francis rentrait à la nage.
Un kilomètre ou deux. « Parfois, un bateau me ramenait à terre ».
Protéger la planète
Francis
Joyon, que l’on dit taiseux, est vraiment un skipper à part dans un milieu où
la communication prend parfois le dessus sur l’aspect sportif. Où le
faire-savoir a plus d’importance que le savoir-faire. Et tout cela le gonfle
prodigieusement. « La communication, c’est l’art de prouver le contraire
de la vérité », lance-t-il dans un éclat de rire.
Il ne s’en
cache pas, les rendez-vous médias ne sont pas sa tasse de thé. Mais il joue le
jeu a minima. Il a un sponsor. L’homme, dur au mal, est également conservateur.
À ses débuts, il faisait les poubelles de la course au large pour (re)
construire des bateaux que personne ne voulait. Qui sciait l’arrière de son
trimaran, jugé trop long par les organisateurs, peu avant le départ de la Route
du Rhum 1990. Il a gardé cette façon de fonctionner. Pas de gros team technique
autour de lui, plutôt des proches, son frère et son fils.
« J’ai
appris à faire beaucoup avec peu ». Pour lui, l’écologie n’est pas qu’un
mot à la mode. « Je pense qu’il faut vraiment qu’on fasse attention à la
planète ». S’il gagne avec son maxi-trimaran, vieux de douze ans, et
double tenant du titre sur le Rhum, il sera très fier. « Ce bateau est un
monument historique qui détient quand même le Trophée Jules-Verne ». Soit
le record autour du monde en équipage en 40 jours et 23 heures.
« Parfois, mon bateau me fatigue »
Un engin de
31,5 m de long, 22,5 m de large, pesant 18 tonnes, conçu à la base
pour 12 hommes d’équipage. Un monstre qu’il doit maintenant mener seul.
« Ce trimaran, c’est 20 à 30 % d’efforts de plus que le précédent.
Parfois, il me fatigue mon bateau ». Même si le temps ne semble pas avoir
de prise sur lui, même si ses paluches sont toujours aussi impressionnantes,
Joyon vieillit. Comme tout le monde. « Je ne rajeunis pas. Et je sais qu’à
72 ans, ce sera plus compliqué de faire du kite à foil ».
Les trimarans volants sont vraiment
l’avenir de la voile. Nous, on ne vole pas mais je peux encore gagner. L’envie
est là.
Depuis 2013,
le géant de Locmariaquer est sponsorisé par la société Idec. Entre lui et le
P-DG, Patrice Lafargue, on ne peut guère parler d’un partenariat classique.
« Nous sommes des amis. De vrais amis. Je suis dans la voile parce que
Francis fait de la voile, disait le patron d’Idec, lors d’une arrivée
victorieuse à Brest, en 2008. Il aurait fait du vélo, j’aurais acheté un
vélo ». Un vélo, Joyon en a justement installé un dans le cockpit arrière.
Pour border les voiles avec ses jambes quand ses bras seront en feu. Car, même
s’il a l’âge d’être le père de François Gabart, contre lequel il va se battre,
le Morbihannais ne s’offre pas une septième rasade de Rhum uniquement pour
l’ivresse que procurent les surfs endiablés dans les alizés. Seule la gagne
l’intéresse : « Les trimarans volants sont vraiment l’avenir de la
voile. Nous, on ne vole pas mais je peux encore gagner. L’envie est là ».
(Photo Philippe Eliès)
François
Gabart, Armel Le Cléac’h et Sébastien Josse, pilotes de multicoques volants,
n’ont qu’à bien se tenir. Thomas Coville, son voisin de ponton trinitain,
aussi.
La part du risque
À 62 ans,
Francis Joyon est un peu le dernier des Mohicans. Pourtant, il ne prononce
jamais le mot « retraite ». Il aime trop sa vie de coureur d’océans.
De sa voix douce et posée, on resterait des heures à l’écouter parler de sa
passion pour la mer et les bateaux. Du plaisir immense qu’il trouve à maîtriser
ce genre d’engin qu’il sait casse-gueule. « Un trimaran, ça peut chavirer,
concède-t-il. Tout l’art consiste à le garder à l’endroit ».
La notion de risque liée à ces
bateaux-là me plaît.
La culbute,
Joyon sait ce que ça fait. Il a chaviré plusieurs fois. Mais il en redemande.
Entre Saint-Malo et Pointe-à-Pitre, le parcours est semé d’embûches. À cette
époque de l’année, la Manche et l’Atlantique peuvent avoir le visage des
mauvais jours. En 2002, année de la déroute du Rhum (NDLR : 18 trimarans
Orma au départ, seulement trois à l’arrivée), Joyon avait chaviré et passé cinq
jours à l’envers dans un trimaran qui menaçait de couler. « La notion de
risque liée à ces bateaux-là me plaît ».
Déjà, tout
jeune, le petit Francis aimait grimper dans l’arbre le plus haut,
« marcher sur la branche la plus petite », dit-il. Il adorait aussi
traverser la rivière à « l’endroit où le courant était le plus
fort ». Non pas pour frimer devant les copains. Juste pour jouer. Car,
dit-il, « le jeu, c’est la base de la vie ».
RepèresNé le 28 mai 1956 (62 ans) à
Hanches (Eure-et-Loir). Marié et père de trois enfants, il vit à Locmariaquer.Ses
principales victoires : record de l’Atlantique Nord en solitaire en 5
jours 2 h 7’ (amélioré par Thomas Coville en 4 jours 11 h 10’
24’’) ; vainqueur du Trophée Jules Verne en 40 jours, 23 h, 30’ et
30’’; record de la Route de la Découverte en 8 jours, 16 h, 7’ et 5’’
(amélioré par Armel Le Cléac’h) ; record entre la France et l’île Maurice
en 26 jours, 4 h, 13’ et 29’’ ; record du tour du monde absolu en
solitaire en 57 jours, 13 h, 34’ et 6’’ (amélioré par Thomas Coville, puis
François Gabart) ; record de la traversée de la Manche en solitaire en
6 h, 23’ et 36’’; vainqueur du Fastnet.Route du Rhum : 6e
en 2014 ; 2e en 2010, abandon en 2002 ; 6e en
1998 ; abandon en 1994 et 10e en 1990
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